Présentation : Yvonne DELEVOYE, professeur de psychologie à l'université Lille 3 (URECA, EA 1059), membre de l'équipe de direction de la MESHS.
Thomas BORAUD - Directeur de recherche en neurosciences au CNRS
Et le vainqueur emporte la mise !
La prise de décision résulte de phénomènes de compétition entre plusieurs réseaux neuronaux distribués. Les corrélats neuronaux des processus de décisions sont un des enjeux majeurs des neurosciences de cette décennie. Depuis une dizaine d'années, plusieurs disciplines, parmi lesquelles les neurosciences, la microéconomie et la psychologie expérimentale ont convergé pour étudier ces processus donnant naissance à un nouveau champ pluridisciplinaire un peu pompeusement baptisé neuroéconomie. De nouveaux paradigmes expérimentaux issus des protocoles de microéconomie associés à des investigations électrophysiologiques ou d'imagerie fonctionnelle ont permis de mettre en évidence les structures impliquées et de suggérer des mécanismes sous-jacents. Nous les passerons succinctement en revue et proposerons une théorie intégrative pour expliciter ces mécanismes qui résultent de processus de compétition entre plusieurs réseaux distribués entre le cortex et les structures profondes du cerveau.
Thomas Boraud est directeur de recherche à l'Institut fédératif de recherche sur les neurosciences (IFR 8 ; CNRS - INSERM - INRA - CHU de Bordeaux). Ses thèmes de recherche portent sur la cognition et le comportement, les conditions neurologiques et psychiatriques de la motivation et de l'émotion, les pathologies neurodégénératives.
Astrid MIGNON - Maître de conférences en psychologie sociale à l'université Lille 3
Nos décisions sous influences : leurs origines et leurs conséquences sociales
La psychologie sociale expérimentale nous permet d'analyser les origines et les conséquences sociales de la décision en intégrant trois aspects. 1. Des facteurs sociaux interviennent dans nos décisions sans que nous en ayons forcément conscience. De plus, les décisions prises permettent de remplir diverses fonctions sociales qui nous échappent. Par exemple, nous pouvons publiquement prendre une décision fausse dans le but implicite et non conscient de ne pas apparaître comme déviants par rapport aux autres. 2. Le fait de prendre une décision a des conséquences sociales inattendues car non supposées par la décision elle-même. Par exemple, décider librement et seul peut conduire paradoxalement à un rétrécissement progressif du champ décisionnel. 3. Prendre une décision ne garantit pas sa mise en oeuvre sous forme d'action concrète. Par exemple, le fait de décider en toute bonne foi de changer d'hygiène de vie n'est que rarement converti en action réelle. L'ensemble des travaux présentés permettront de montrer que la fonction des décisions doit être appréhendée dans les contextes sociaux où elles sont prises.
Astrid Mignon est maître de conférences en psychologie sociale à l'université Lille 3 (Unité de recherche en sciences cognitives et affectives, URECA, EA 1059). Ses thèmes de recherche portent notamment sur la polysémie des traits de personnalité et l'analyse de leur fonction sociale.
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