La MESHS, en collaboration avec le laboratoire Cecille (organisation Norah Dei Cas) accueille le poète argentin Juan Gelman pour une conférence et une lecture de ses poèmes.
La conférence lecture aura lieu jeudi 24 juin 2010 (17h30 - 19h) à la MESHS (Espace Baïetto).
La conférence et la lecture seront données en espagnol (traduction simultanée).
Par ailleurs, Juan Gelman recevra le titre de Docteur Honoris Causa de l'Université Lille 3 le vendredi 25 juin.
Juan Gelman a obtenu plusieurs prix et distinctions littéraires : le Prix International de Poésie Mondello (Italie, 1980), Premio Nacional de Literatura (Argentine, 1997), le Prix Juan Rulfo de Literatura Hispanaomericana y del Caribe (Mexique, 2000), le Prix Reina Sofía de Poesía Iberoamericana (Espagne, 2005) et, plus récemment, le Prix Cervantes (Premio de Literatura en Lengua Castellana Miguel de Cervantes, Espagne, 2007), la plus haute reconnaissance dans le domaine de la littérature en langue espagnole.
L'université Lille 3 a invité Juan Gelman en 2004, dans le cadre du programme de recherche sur Migrations, Exils, cultures de la mobilité. Sa rencontre avec un public d'étudiants, de traducteurs et spécialistes de son oeuvre a donné lieu à la publication d'un ouvrage :. Au cours de cette journée, après avoir donné lecture de sa poésie au grand enchantement de tous, Juan Gelman a ponctué le débat organisé sur son oeuvre et les conditions dans lesquelles il l'a écrite avec une singulière acuité et une éloquence exemplaire. Le colloque international de clôture du programme Lieux et figures de la barbarie (octobre 2008), organisé par la Maison Européenne de Sciences de l'Homme et de la Société (MESHS Nord Pas de Calais) et le laboratoire CECILLE (Centre d'Etudes sur les Civilisations, les Langues et les Littératures Etrangères) de l'Université de Lille, a consacré à la poésie de Juan Gelman sa session inaugurale, et fera l'objet de publication dans l'ouvrage à paraître tout prochainement chez l'éditeur Peter Lang (Bruxelles-Genève-Londres).
Norah Dei Cas (professeur à l'Université Lille 3, Laboratoire Cecille).
Voix singulière parmi les plus élevées de la poésie en langue espagnole, Juan Gelman est actuellement l'un des poètes les plus célébrés au monde ; sa poésie aux multiples facettes se nourrit non seulement des réservoirs ancestraux de plusieurs cultures, mais s'attache également à transmettre les valeurs supérieures pour tous les hommes de tous les temps : l'amour, la dignité, la justice. « La poésie est là, debout contre la mort », cette phrase résonne dans son discours de réception du Prix Cervantes de Littérature, en 2007. Si Juan Gelman chante en permanence l'amour et la beauté, qu'il perçoit dans les petits et grands moments de la vie, il réhabilite tout autant son engagement de recherche de la vérité face à l'injustice (...).
Ses racines multiculturelles ainsi que ses premières lectures ont certainement contribué à forger en lui cet esprit ouvert, épris de liberté et de justice. Dès son premier recueil de poésie (Violín y otras cuestiones, 1956), émerge dans ses vers une conscience du monde et sa responsabilité à l'assumer ; le poète explorera jusqu'au bout cette conscience, sous-jacente à son lyrisme, et le désir de vérité qui l'habite sur les horreurs de la dictature pour en témoigner. Julio Cortázar saluera, dans la préface à Interrupcciones (1988), la singularité et la tendresse déconcertante de la poésie de Juan Gelman à exprimer cette barbarie du XXè siècle. Comme bien d'autres Argentins, il a subi avec sa famille la répression de la dictature (...)
La poésie de Juan Gelman (né en 1930 à Buenos Aires), dans sa force, est mise en relation, à juste titre, avec celles dont il s'est souvent inspiré et avec lesquelles il a créé un dialogue poétique et intellectuel. Il converse avec Quevedo et le Siècle d'Or espagnol sur l'amour vainqueur au-delà de la Mort ; il se réclame, dans d'autres poèmes, de l'univers des Fleurs du Mal de Baudelaire ; ailleurs encore, habité par la question de dire juste qui n'est pas sans conduire au travail sur la chair des mots, déformation et néologismes, sa poésie évoque les ruptures prônées par les différentes avant-gardes du début du XXe siècle, du Chilien Vicente Huidobro au Péruvien César Vallejo. Mais ce qui surprend surtout le lecteur, c'est sa capacité de convoquer les Ecritures relatant la nécessité de fonder la trajectoire de l'homme sur des principes de justice face à l'adversité. La recherche de la vérité et les prérogatives que l'amour donne dialoguent, dans la poésie de Juan Gelman, avec des paroles des Prophètes et dans la réécriture de textes des poètes juifs et musulmans de l'Espagne des trois cultures, pour exprimer la joie du partage et la tristesse de l'expulsion ; la posture des poètes mystiques, San Juan de la Cruz et Santa Teresa, face à Dieu, anime Juan Gelman dans sa recherche des traces de l'absent. Sa place est parmi les grands poètes du XXè et du XXè siècles, dans cette quête des grandes valeurs qui doivent guider toute humanité juste (...)
Poésie, pressons-nous avant
que l'obscurité ne soit complète.
Ces temps qui saignent
de perversion méritent
quelque lumière, quelque clarté,
un courage qui affronte
leurs dangers, les restes
de cette méchanceté mécanique.
Il faut remettre le monde vers soi, non
vers ses persécutions.
Il faut
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