Vincent Bourdeau
Nicolas Hatzfeld
Danièle Linhart
Rencontre animée par Philippe Sabot, maître de conférences en philosophie à l'université Lille 3, directeur de l'UFR de philosophie, chercheur au laboratoire STL
Vincent Bourdeau, maître de conférences en philosophie à l'université de Franche-Comté
Le travail des républicains - brève introduction à la question de la réhabilitation du concept de travail dans le républicanisme contemporain
Dans cette intervention, je voudrais montrer comment le concept de travail a été au coeur des réaménagements de la théorie républicaine contemporaine. Longtemps considéré comme une activité contradictoire avec l'activité politique associée au « loisir », le travail a connu une réhabilitation dans les théories républicaines au cours du XIXe siècle. Que s'est-il produit entre la fin du XVIIIe siècle et le milieu du XIXe siècle pour que le travail soit ainsi réhabilité par le républicanisme ? Quels discours de justification ont été mobilisés à cette fin ? Quelles sont les positions que défend aujourd'hui le républicanisme ou néo-républicanisme au sujet du travail ou, pour le dire autrement, quelle économie politique républicaine peut-on reconstruire à l'heure actuelle ? Ce sont ces questions que nous tenterons d'éclairer dans cette intervention.
V. B.
Nicolas Hatzfeld, professeur d'histoire à l'université d'Évry
Dans l'étude du travail, les approches historiennes peuvent paraître limitées. Elles n'abordent en effet le travail que par les traces que celui-ci a laissées, et ne visent guère à en trouver l'essence. L'histoire entend plutôt retracer des situations de travail différentes, ou les formes prises par une question à des moments distincts. Elle peut nourrir des comparaisons appuyées sur la pluralité des temps passés, quitte à reprendre des questions délaissées par d'autres sciences sociales lorsque celles-ci suivent le changement au présent. Toutefois, cette approche fait débat parmi les historiens eux-mêmes pour la période du XXe siècle. À partir de différents cas, on cherchera donc à montrer combien l'exploration historienne du travail a des perspectives ouvertes.
N. H.
Danièle Linhart, directrice de recherche en sociologie au CNRS, rattachée au GTM/CRESPPA
Changer le monde du travail, accorder à chacun davantage d'autonomie, de reconnaissance matérielle et symbolique, voilà qui semble faire l'unanimité. Pourtant, la « modernisation du travail » ne va pas dans ce sens : sentiment d'abandon, d'isolement, de précarité, peur de ne pas y arriver, méfiance à l'égard des autres, tout concourt en réalité à dénaturer le travail. La société tout entière en est affectée. Symbole de cette modernisation en mauvaise passe, le chassé-croisé entre secteur public et privé : le management s'acharne, sans y parvenir, à importer au sein des entreprises privées le sens de l'engagement et la loyauté des agents du service public, alors même que celui-ci subit une attaque en règle de ces mêmes valeurs sous les coups de boutoir de la logique gestionnaire. Comment, aujourd'hui, analyser le devenir tourmenté du travail dans nos sociétés ?
D. L.
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