Conférences d'Arnaud Mercier, professeur en sciences politiques et sciences de la communication à l'Université de Lorraine, de Claudine Nédelec, professeur de littérature à l'Université d'Artois et de Jean Ruhlmann, maître de conférences en histoire à l'Université Lille 3.
Modération: Claudine Nédelec
Rires, politiques et plateaux télé : dérisoire ou dérision ?
Il est d'usage dans nombre d'émissions d'affirmer qu'on n'est pas sérieux, qu'on ne se prend pas au sérieux, qu'il faut donc faire preuve d'humour, ce qui peut aller jusqu'à l'idée qu'il faut faire rire à tout prix, avec rires en boîte préenregistrés, si besoin. Les émissions, mi-talk-show, mi-divertissement, se sont multipliées, regroupant des humoristes «professionnels» et des personnalités connues. On y parle souvent de politique, parfois avec des politiques, qui acceptent de célébrer leur propre mise en boite et qui essayent de participer à ce jeu du faire rire d'abord. Que se passe-t-il en fait? Est-on face à une forme de dérision politique, contestataire et porteuse de sens? Ou bien est-on face à un humour dérisoire et nihiliste? Les conséquences pour l'image de la politique et des hommes politiques ne sont évidemment pas les mêmes...
A. M.
Le farceur du Pont-Neuf : politique, rire et espaces publics au XVIIe siècle
C'est depuis les abords du Pont-Neuf, lieu d'intense vie publique, que nous observerons la combinaison au cours du premier XVIIe siècle de deux phénomènes : l'expansion du débat politique hors de la zone institutionnellement «réservée» sous l'Ancien régime, et la forte présente des différentes formes du rire. Ce fut en effet un centre majeur de circulation des libelles qui ont fleuri lors de trois moments de « troubles » majeurs : les derniers feux parisiens des guerres de religion, les violents désordres politiques au lendemain de l'assassinat d'Henri IV, et enfin les premiers temps de la Fronde.
C. N.
L'âge d'or du comique politique
Au fil du XIXe siècle, l'extension du suffrage, la suppression des cens et obstacles à l'éligibilité, la libéralisation de l'expression des opinions et la parlementarisation des régimes ont des répercussions à la fois sur l'importance, mais aussi sur la configuration des discours tenus dans la Chambre basse, devenue centre névralgique du pouvoir sous la IIIe République.
Au moment où le rire sur la politique rassemble un public croissant, le comique sous diverses formes a désormais et sans conteste ses entrées à la Chambre des députés. Sa présence s'explique notamment par les ressources variées qu'il offre au tribun comme à l'interrupteur. Pour autant, son champ d'expansion est-il sans limite et cette parole est-elle sans tabou? C'est ce que nous nous proposerons de voir dans cette intervention, centrée sur les débuts de la IIIe République.
J. R.
- Arnaud Mercier, La communication politique, Paris : CNRS, 2008.
- Claudine Nédélec, « Burlesque et interprétation », Les Dossiers du Grihl, 14 novembre 2007, Les dossiers du Claudine Nédélec.
- Jean Ruhlmann, « Comique, éloquence et histoire politique en “voix” de réhabilitation », Histoire@politique, no 1, 30 mai 2007.
URI/Permalink: