La science s'est laissée absorber par les questions relatives aux conditions de reproduction sociale, elle s'est penchée sur les formes de distribution du produit au travers des échanges marchands quand elle aurait pu s'interroger aussi sur ce qu'est, ou ce que pourrait être une bonne consommation, un bon usage de la richesse.
Il en résulte que depuis plus de deux siècles, la consommation est plus souvent tenue pour un acte de reproduction de la vie et des forces de chaque être humain. La richesse est, quant à elle, définie à partir du produit. Le bonheur est vu comme un état quantifiable. Pour retrouver une plus juste notion de consommation heureuse, il faut dire au contraire que le don précède la prise, que la consommation est antérieure à la production et que le travail n'est pas d'abord un acte productif, mais une passion où le temps se donne comme temps humain.
A. B.
Arnaud Berthoud, professeur émérite à l'université Lille 1
Il est l'auteur de nombreux ouvrages et articles en histoire de la pensée économique et en philosophie économique - notamment Marx et le travail productif, Aristote et l'argent, ou Essais de philosophie économique. L'ouvrage dont s'inspire cette conférence, Une philosophie de la consommation, est paru aux Presses universitaires du Septentrion (Villeneuve d'Ascq, 2005).
Présentation : Delphine Pouchain, professeur agrégée de sciences économiques, enseignante à l'institut d'études politiques de Lille
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