Megan Comfort (Assistant Professor, University of California, San Francisco)
La croissance faramineuse de l'incarcération aux Etats-Unis depuis 1973 s'est opérée sur fond de montée de la précarité salariale et de durcissement de la pauvreté urbaine, en raison du retrécissement de l'aide sociale aux démunis (welfare). Conséquence cruelle et parodoxale, le système carcéral est devenu l'institution publique de premier recours pour les populations déshéritées des villes, notamment dans le domaine de la santé. Alors que fait rage le débat politique sur la "réforme" de la couverture médicale (qui exclut 55 millions d'américains et couvre chichement plusieurs autres dizaines de millions), les détenus sont la seule catégorie de la population à bénéficier d'un droit à la santé garanti par la Constitution.
En s'appuyant sur ses recherches sur l'impact au long cours de l'institution pénitentiaire sur les prisonniers et leur famille menées lors des quinze dernières années, Megan L. Comfort discutera de la façon dont le diagnostic et le traitement du sida (virus HIV) intensifie la "prisonisation" primaire des hommes incarcérés et la "prisonisation secondaire" de leurs conjoints en raison des carences d'un système de protection sociale défaillant, chaotique et punitif.
Megan Comfort est maître de conférences (Assistant Professor) au Center for AIDS Prevention Studies de l'Université de Californie à San Francisco, et chercheuse invitée (visiting fellow) au Mannheim Centre for Criminology de la London School of Economics and Political Science. Elle est notamment l'auteure de
- C'est plein de mecs bien en taule! Incarcération de masse aux États-Unis et ambivalence des épouses, (Actes de la recherche en sciences sociales, n° 169, 2007)
- Doing Time Together : Love and Family in the Shadow of the Prison (Univ. of Chicago Press, 2008).
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